Un mois de janvier chargé côté actualité pour les surgelés. Après la mise en liquidation judiciaire de Toupargel, plusieurs grands médias ont jeté leur dévolu cette semaine sur les niveaux d’inflation qui se font ressentir depuis quelques mois sur la catégorie des surgelés. Europe 1, BFM, ou encore M6 dans son 19’45 hier soir ont consacré des mini reportages au sujet. Une hausse des prix qui avoisinerait désormais les 17 % (de source IRI) pour l’ensemble du rayon surgelé, contre seulement 12 % pour la moyenne des PGC. En point d’orgue, tous se sont focalisés sur les augmentations records atteintes sur le segment des viandes, qui s’élevaient déjà à + 24 % à la fin de l’été pour dépasser aujourd’hui + 30 %. Malheureusement, aucun n’a cru bon de préciser que le steak haché de bœuf est un produit poids lourd des ventes du Grand Froid. Et donc que l’envolée des prix record sur cette catégorie, impacte forcément à elle seule la moyenne relevée sur le global du rayon. Une observation pourtant justifiée, pour expliquer et surtout relativiser un tant soit peu, le niveau d’inflation atteint sur les seuls surgelés (ce n’est pourtant pas faute d’avoir insisté sur ce point dans nos échanges avec les journalistes qui nous ont sondés en amont de leurs reportages). Mais l’argument est resté lettre morte, sans doute au profit d’un point de vue volontairement plus alarmiste.
Le surgelé plombé par le coût de l’électricité
Deuxième maladresse assez récurrente dans le traitement du sujet, le fait d’expliquer cette hausse des prix quasi exclusivement par l’envolée de la facture d’électricité, en lien avec la production et le stockage des surgelés. C’est vrai qu’on constate une hausse hallucinante des dépenses énergétiques nécessaires pour surgeler, qui depuis 2021, ont été multipliées par deux, trois voire quatre dans certains cas. De même, comme le montre l’indice fourni par La Chaîne Logistique du Froid, sur l’évolution des coûts de stockage des produits sous température dirigée, le poste électricité ne cesse de grimper (avec encore dernièrement une hausse mensuelle de 16 % en décembre par rapport à novembre). Mais si la hausse du prix de l’électricité pèse clairement dans le niveau d’inflation atteint sur le rayon grand Froid, elle n’explique pas tout. On prendra soin d’y ajouter les problèmes d’approvisionnement qui touchent de plein fouet certaines filières, à commencer par les viandes, dont les cheptels français ont fondu comme neige au soleil ces dernières années (expliquant aussi l’énorme hausse des prix sur le steak haché surgelé). On n’oubliera pas également les tensions très fortes sur l’emballage papier et carton, un marché déséquilibré sous l’effet de l’explosion des besoins de la restauration livrée et à emporter. C’est donc un ensemble de problèmes qui, juxtaposés, expliquent cette tension forte sur les prix, et pas uniquement les tarifs d’électricité.
Au final, on peut s’interroger sur ce que retiendra le consommateur de ce sujet monté en épingle. Sans doute rien de positif, car plutôt que de comprendre pourquoi on doit payer plus cher ses produits (et que le problème n'est donc pas propre aux surgelés), le message perçu pourrait être tout aussi bien "qu'il va vraiment falloir revenir à une autre forme de consommation moins énergivore". Plutôt cher payé pour une technologie du surgelé, qui permet justement de limiter le gaspillage alimentaire…