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Le dernier bilan de Food Service Vision se montre plus positif pour le secteur de la restauration sur le 2e semestre, sans masquer pour autant les difficultés à venir.

Dans sa 21e Revue Stratégique *, Food Service Vision a évalué les performances du marché de la restauration en France pour l’année écoulée à fin novembre 2024, avec un focus sur l’activité des trois derniers mois étudiés (septembre, octobre et novembre 2024). Malgré les incertitudes politiques et économiques, l’automne se traduit par une performance honorable de la restauration dans un contexte de changements de modes de consommation, d’une intense compétition sur les prix et d’un bel effort d’innovation.

Après la période enchantée des Jeux Olympiques, qui ne se sera guère révélée porteuse pour la restauration, l’automne était attendu avec une certaine inquiétude, dans un contexte politique et économique tourmenté. Selon les données analysées par Food Service Vision, la consommation hors domicile a traversé une dépression « post-JO » en septembre avec une baisse de 3 % de son chiffre d’affaires par rapport à septembre 2023. Mais la tendance s’est inversée de façon significative en octobre et novembre avec des croissances respectives de 3 % et de 2 %, des taux supérieurs à ceux de juillet et août.

Des résultats fluctuants

Ce rebond qui n’était pas vraiment attendu, est dû en partie à un calendrier favorable des vacances de la Toussaint, à une météo plutôt souriante qui ont convaincu les Français de maintenir leurs sorties au restaurant. À noter que le sursaut bénéficie également d’un mauvais historique 2023 en octobre et novembre.

Si la consommation hors domicile fluctue au gré du moral des consommateurs, de la météo, et du besoin de se réconforter, certaines tendances semblent s’inscrire dans la durée :

- À commencer par l’attention au prix des plats, qui concerne 89 % des clients soit une augmentation de 5 points par rapport à l’année dernière à la même période de 2023.

- Food Service Vision évoque également la diversité des modes et canaux de consommation, avec un report vers des circuits plus accessibles : la livraison de repas et la boulangerie à l’heure du déjeuner sont les circuits qui progressent le plus (+ 7 points en novembre par rapport à la même période en 2023).

- Les arbitrages des paniers d’achat : ainsi, 4 Français sur 10 indiquent consommer moins d’items lors de repas pris hors domicile, les boissons alcoolisées étant le produit le plus sacrifié dans cet arbitrage.

- Enfin, si les dépenses en congé restent préservées, c’est 21 % des Français qui déclarent avoir réduit leurs dépenses en restauration pendant leurs vacances (+ 8 pts vs 2023).

Reprise de l'innovation produit

Du côté des opérateurs, la bataille des prix est intense à coups d’investissements massifs portés par les grands réseaux de franchise : le menu enfant est proposé à moins de 5 €, le menu premier prix à 5 € en restauration rapide, les batailles médiatiques sont féroces par le biais des influenceurs ou par des associations étonnantes entre concurrents à l’image de KFC et de Burger King.

Mais les prix ne sont pas le seul terrain de compétition. Ce dernier trimestre marque également un retour en force des innovations avec des références plus gourmandes, des expériences gustatives inédites (comme les sauces piquantes lancées avec succès chez des acteurs tels que McDonald’s, Gang of Pizza ou encore Chicken Street), ou des offres « petits plaisirs à petits prix ». Les indépendants qui s’en sortent le mieux, font évoluer leur carte (qualité des produits, nouveautés, gammes plus courtes, plus locales, arts de la table retravaillés) et confient leur mix d’achat aux distributeurs qui proposent les offres les plus attractives avec une qualité de service irréprochable.

Coûts matière : des catégories à risque

Malgré une inflation stabilisée sur l’année, certaines catégories sont soumises à de fortes hausses : chocolats (+ 52,9 %), beurre (+ 12,1 %). Ces hausses impactent plus fortement certains segments dépendants de ces matières premières tels que la boulangerie-pâtisserie et les coffee shops.

Au final, dans un contexte économique, politique et social toujours aussi incertain, Food Service Vision table sur une hausse de chiffres d’affaires de + 1 % pour l’année 2024. Une croissance honorable, rappelle le cabinet de conseil et d'étude, dans une année marquée par des arbitrages consommateurs qui ont pesé sur la fréquentation et le mix d’achat notamment sur le 1er semestre de l’année et des effets conjoncturels forts.

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(*) : 21e édition de la Revue stratégique de Food Service Vision « L’e temps des incertitudes et des promesses », décembre 2024.