Pour nourrir les débats sur le projet d'affichage environnemental, le Collectif En Vérité, qui réunit 60 marques alimentaires*, a souhaité interroger les Français pour comprendre ce qu’ils souhaitent vraiment savoir et voir, sur le packaging de leur produit. L’objectif de cette étude, qui a été menée avec BVA**, vise à s’assurer que le modèle d’affichage qui sera in fine retenu par les pouvoirs publics répond bien aux attentes du consommateur. Et le résultat de l’enquête menée est riche d’enseignement : Si pour 86 % des Français, un score environnemental est essentiel, il doit avant tout répondre à des critères précis et discriminants tels que l’utilisation de pesticides, le mode d’élevage et l’origine.
Les pesticides en haut du tableau
Avant tout, 91 % des Français consulteraient un indicateur permettant d’évaluer l’utilisation de pesticides s’il existait. Pour 39 %, ce serait même le critère le plus important pour évaluer l’impact environnemental d’un produit alimentaire. Ici, une grande majorité d’entre eux estime que l’offre alimentaire n’est pas adaptée aux enjeux environnementaux (90 %) et de santé (80 %).
Un quart des Français place le mode d’élevage en tête de ses critères de choix pour un produit alimentaire, et 90 % s’y référeraient s’il était clairement affiché. Ils sont aussi très attentifs à l’origine des produits : 80 % évaluent ce critère quand il est disponible. Or, l’association déplore que ce critère soit aujourd’hui absent des affichages environnementaux déjà adoptés par certaines marques.
On notera aussi que les indicateurs sur la préservation de la biodiversité (12 %), des ressources (12 %) et du climat (13 %) sont quant à eux jugés prioritaires par seulement un Français sur dix. « Les Français confrontés à des produits affichant ces critères dans le cadre de l’étude le confirment : ce sont les indicateurs recouvrant pour eux une réalité précise (utilisation de pesticides, mode d’élevage, origine) qui recueillent l’adhésion et orientent l’achat, plutôt que les indicateurs recouvrant des concepts ou notions plus larges (climat, biodiversité, ressources). », explique Régis Olagne, directeur de clientèle à BVA, qui a supervisé l’étude.
L’impression de pointer à côté des attentes
Le constat est sans appel : pour 90 % des interrogés, l’offre alimentaire n’est pas adaptée aux enjeux de climat et de biodiversité. Une frustration qui repose aussi sur la perception de l’information qui l’accompagne. Jugée crédible par moins de 2 personnes sur 10, difficile à comprendre (78 %), difficile à trouver (80 %). Au final, elle ne facilite pas le choix des produits alimentaires.
Interrogés sur les sources d’information qu’ils privilégient pour évaluer l’impact environnemental d’un produit, les Français se basent très largement sur des éléments qui ne lui sont qu’indirectement reliés mais qui sont disponibles. Ainsi la liste des ingrédients (82 %), l’origine (80 %), les mentions « sans » sur les emballages (78 %), et Yuka (33 %) sont les sources le plus souvent citées.
Un affichage prioritaire pour les moins de 50 ans
Globalement, 86 % des Français se déclarent intéressés par un affichage environnemental. Alors que le sujet pourrait paraître secondaire en contexte d’inflation et de tension sur le pouvoir d’achat, il intéresse des foyers aux revenus diversifiés, aussi bien modestes qu’aisés. En revanche, la sensibilité aux enjeux environnementaux et sociétaux est largement déterminée par l’appartenance générationnelle : les « ambassadeurs » d’une consommation guidée par la conviction d’une urgence environnementale sont à 35 % âgés de moins de 35 ans (et à 57 % de moins de 50 ans). Les « indifférents » ont à 67 % plus de 50 ans.
En parallèle, l’information environnementale doit encore convaincre certains, en particulier ceux qui bien que sensibles aux enjeux environnementaux, ne savent pas comment agir mais souhaitent le faire (54 %). Mais aussi les « indifférents » (16 %) pour qui ces enjeux ne sont pas jugés prioritaires.
Un déficit de confiance dans les marques
Pour s’informer sur leur alimentation, les Français comptent d’abord sur le conseil d’acteurs de terrain et de proximité : plus de 8 sur 10 déclarent faire confiance à leurs commerçants de proximité (primeurs, bouchers, boulangers, etc.), aux associations de consommateurs et aux agriculteurs. En revanche, plus de 70 % ne font pas confiance aux pouvoirs publics, aux marques ou aux médias pour les informer sur l’offre alimentaire.
Cette étude démontre également la forte attention portée par les Français à la qualité nutritionnelle (22 % sont guidés dans leurs achats alimentaires par ce critère) et à l’origine du produit (20 %). « Deux critères qui, au-delà de l’information environnementale, illustrent la recherche d’une information sur ce qui impacte, via l’alimentation, la santé ou la pérennité des filières françaises », conclut Sébastien Loctin, fondateur du collectif En Vérité. Prenant acte de ces aspirations clairement identifiées, le collectif encourage l’adoption d’un référentiel obligatoire pour toutes les marques alimentaires, et surtout répondant aux critères qui tiennent le plus à cœur aux Français : utilisation de pesticides, mode d'élevage et origine. À suivre donc, sachant qu’aujourd’hui on reste dans un contexte d’affichage volontaire, et qui le restera tant qu’il n’y aura pas de cadrage européen sur ce sujet. Or ce dernier n’est pas prévu avant 2025, voire 2026.
(*) Le collectif En Vérité est une association loi 1901 regroupant des marques alimentaires autour d’un objectif commun : celui d’exiger des pouvoirs publics une obligation de transparence commune à tous les produits alimentaires. Ce mouvement milite en faveur d’un affichage simplifié, standardisé et obligatoire. Le Collectif comprend certaines marques œuvrant sur le surgelé, comme D’Aucy ou Food4Good.
Pour plus d’info : en-verite.fr
(**) : Enquête réalisée en décembre 2022, auprès de 1 000 personnes, avec un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus.
L’institut BVA dans son enquête s’est notamment appuyé sur les critères du Planet-Score pour tenter de mieux cerner les attentes des Français.