Confortées par l’attention grandissante portée à l’alimentation animale, les enseignes et les marques avancent sur un terreau fertile. Sur ce marché dynamique, L'entreprise Qwild se cale sur le segment du BARF, lui aussi en plein essor.

S’il est un marché en pleine (R)évolution, c’est bien celui de la petfood. Exit les sacs génériques de croquettes et les "gigaboîtes" de boulettes malodorantes. Désormais, les toutous et matous ont changé de statut… et d’alimentation ! Dans cette transition profonde du marché, amorcée depuis quelques années, émerge le BARF. Quésaco ? Littéralement, cela signifie « Biologically Appropriate Raw Food ». Autrement dit, cette dénomination désigne un régime alimentaire à base de viande crue, légumes, produits laitiers, œufs et os charnus frais… plus en phase avec les besoins naturels des animaux de compagnie. 

C’est précisément sur ce concept que s’appuie la jeune société Qwild fondée par Estelle Evieux en 2018. « En proposant des rations BARF sur mesure, à base de viandes et d’os charnus notamment, nous souhaitons remettre la nourriture carnivore au cœur de l’alimentation des chiens et des chats, explique la dirigeante. Le marché est en train de se transformer parce que la demande des consommateurs évolue. Les propriétaires de chiens de chats sont en attente de plus de transparence et veulent des produits plus naturels et adaptés aux besoins spécifiques de leur animal ».

Des repas haut de gamme

Signés Qru, les produits BARF de Qwild sont élaborés dans un atelier près de Grenoble. Les recettes contiennent au minimum 88 % de viandes d’origine française. L’équilibre est garanti par un dosage optimal entre viande, os charnus, abats et quelques légumes, fruits et compléments. Chez Qru, aucune source de glucide, aucun additif ni conservateur dans les sachets. C’est aussi cette raison qui a fait pencher la société en faveur de la technologie surgelée. Évidemment, ce type de petfood n’est pas donné à toutes les bourses. Pour les repas Qru, comptez à partir de 1,86 € pour un chat et 4,90 € pour un chien de taille moyenne. Bien loin des barquettes de pâtée premier prix à moins de 4 € le kilo ! Selon une étude AnimAll de 2023, les Français seraient prêts à dépenser 800 euros par an pour nourrir leur animal… et l’enveloppe grimpe même à… plus de 1 000 euros chez les millenials. Certes des intentions déclaratives à prendre avec toutes les précautions nécessaires mais qui confirment la valorisation du marché et l’attention accrue que portent les propriétaires à la gamelle de leur compagnon.

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© Qru
Dans son atelier grenoblois, Qwild pèse et découpe les ingrédients à la main pour des rations « sur mesure ».

Gagner en diffusion

Aujourd’hui, force est de constater que la petfood surgelée n’est pas encore très répandue dans l’Hexagone. Pour Qru, le principal canal de vente reste l’e-commerce. Toutefois, la société, leader sur le BARF premium, entend se développer dans les magasins physiques. « Ce secteur reste encore largement dominé par les ventes in-store malgré le développement des abonnements en ligne. Les consommateurs ont pris conscience que les besoins de leur animal évoluaient au fil du temps. L’accompagnement et le conseil restent un point clé pour les magasins… », analyse Estelle Evieux. Qwild compte à date une cinquantaine de points de vente (animaleries et jardineries) et a aussi intégré la marketplace de Truffaut avant l’été. L’enjeu pour la jeune société est donc d’accroître sa diffusion. « Aujourd’hui, nous comptons 50 000 clients dans notre base de données mais moins de 10 % ont transformé en achat… Ainsi nous souhaitons implanter la marque dans des points de ventes physiques pour faciliter l’accès au produit », ajoute la dirigeante.

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© Qru
Outre la vente directe en ligne, Qru souhaite se développer dans les animaleries et les jardineries.

Une traçabilité inédite en marché Petfood

L’entreprise grenobloise a déployé un QR code sur tous ses produits, donnant accès à l’origine précise des viandes pour chaque repas ainsi qu’à la liste claire des ingrédients et une analyse nutritionnelle précise. Une grande première en France où la traçabilité du secteur petfood est très en retard par rapport aux produits alimentaires. « Il nous paraît primordial de mettre à disposition du propriétaire notre travail de transparence et de traçabilité pour garantir un produit premium. Une transparence particulièrement appréciée par nos revendeurs qui peuvent pour la première fois, avec Qru, proposer une alimentation 100 % traçable à leurs clients », explique Estelle Evieux. En un scan, le propriétaire de l’animal a en effet accès à toutes les informations. Et grâce à ce QR code, si l’approvisionnement change, le consommateur le voit, soit une vraie révolution dans le monde du petfood. L’application donne également accès à l’analyse nutritionnelle du repas sous forme de graphique. Une initiative saluée par les vétérinaires qui peuvent ainsi avoir accès en un clic à ce que consomment les animaux. Quant à la provenance des viandes et légumes rentrant dans la composition, elle est donnée à l’échelle du département. Depuis sa création en 2018, Qru a produit plus de 800 000 repas, avec une production hebdomadaire de 7 000 repas.

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© Qru

Un marché qui se segmente

Cela tombe bien car le réseau des magasins spécialisés est aussi en pleine effervescence. L’attrait des Français pour les animaux de compagnie ne cesse de croître et les propriétaires sont prêts à beaucoup de sacrifices pour assurer le bien-être et le plaisir de leur chien ou de leur chat. Les enseignes telles que Maxi Zoo, Zoomalia et consorts sont en plein boom et profitent pleinement de cette tendance de fond. Selon le cabinet d’études Xerfi, la France comptait en 2023 quelque 700 animaleries… Et les prévisions pour 2026 sont de l’ordre de 1 300 points de vente ! Maxi Zoo entend en effet ouvrir 250 magasins dans les 3 ans, Zoomalia vise 85 points de vente supplémentaires et Tom & Co 200 de plus à terme. Autant dire que le secteur est florissant. Le marché pèserait tout près de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (petfood et petcare confondus) et reste dynamique en valeur (+ 7 %), bien sûr, mais aussi en volume (+ 1 %). Pour les spécialistes du secteur, le soufflé n’est pas près de retomber. Les animaux sont de plus en plus considérés comme un membre de la famille à part entière. Les possesseurs d’animaux doivent nourrir leur compagnon et, comme pour leur bébé, veulent souvent ce qu’il y a de mieux. Crise économique ou pas, la valorisation du marché se poursuit. Elle passe par une montée en gamme des recettes et des produits « naturels » mais aussi par une segmentation plus fine. Il est évident en effet qu’un bichon n’a pas les mêmes besoins nutritionnels qu’un berger australien ! Alors, du chaton au chat stérilisé, du chiot au senior, le marché se segmente et les marques se sont emparées de la question pour garder leur longueur d’avance sur les MDD. Et s’adapter à cette demande croissante… et toujours plus pointue.

Repère : les animaux de compagnie en France

La France compte 14,9 millions de chats et 7,6 millions de chiens (Facco)

52 % des foyers français déclarent posséder au moins un animal de compagnie (étude Fressnapf / Maxi Zoo)

La France est le pays européen qui compte le plus de chats domestiques parmi les possesseurs d’animaux (71 %).

48 % des possesseurs d’animaux déclarent avoir un chien.

Petfood : Où en sont les enseignes spécialistes du surgelé ?

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Maison Thiriet propose une seule référence de produit « animal » de la marque Dogador, tout comme Picard qui n’a dans ses bacs que les viandes pour chiens de la même marque. Dans les deux cas, les enseignes n’ont pas de projet d’extension de gamme dans les cartons. Quitte à laisser de côté ce marché où le surgelé aura une place dans les années à venir. Pour sa part, Ecomiam semble vouloir se distinguer avec une offre déjà beaucoup plus large. Saucissons pour chiot, boulettes crues, colis de viande de 4 ou 10 kg pour chiens et chats, etc. L’enseigne identifie clairement cette famille en linéaires et mentionne, comme pour le reste de son offre, l’origine des viandes, la composition et le lieu de fabrication (le Finistère en l’occurrence).