La part de l'exotique dans l'innovation a fortement progressé en France sur le surgelé salé depuis 2019. La part de l'exotique dans l'innovation a fortement progressé en France sur le surgelé salé depuis 2019.
Selon le cabinet ProtéinesXTC, si l’année 2024 a été marquée par une baisse du nombre d’innovations lancées dans le monde, les surgelés limitent la casse en France, notamment via la dynamique des enseignes spécialistes.

Le cabinet de veille a dévoilé les résultats de son dernier baromètre sur l’innovation alimentaire*. Il en ressort que la hausse des nouveaux produits constatée en 2023 (qui s’établissait pour mémoire à de 4 % dans le monde et d’un peu plus de 8 % sur le seul périmètre de la France) ne s’est pas confirmée l’année dernière. ProtéinesXTC relève même une baisse à la fois dans le monde (-4,4 %) ainsi qu’en France (-4,9 %), hors simples changements de grammage et packaging de références existantes. Une tendance baissière que nuance Xavier Terlet, expert innovations du cabinet ProtéinesXTC, en la replaçant dans le contexte. « C’est sans aucun doute la conséquence directe du contexte inflationniste. Cependant, la situation ayant évolué, on peut s’attendre à une dynamique positive en 2025 ».

Le plaisir reste au premier plan

Au-delà de la baisse globale des innovations, le cabinet met en relief plusieurs tendances de fond, toutes catégories produits confondues, qu’il convient de prendre en compte avant d’aborder plus spécifiquement le cas des surgelés et les glaces. Tout d’abord, le plaisir reste le premier axe de l’innovation. Il poursuit ainsi sa forte dynamique de croissance observée depuis les années post-pandémie et le choc inflationniste qui a suivi, dépassant les 55 % de l’offre innovante dans le monde. En France, la part de l’innovation Plaisir atteint même 63,8 % en 2024. « Mais c’est un plaisir sans injonction, qui se veut plus léger, plus ludique, plus spontané », indique l'expert, sachant qu’au sein de cet axe, c’est la tendance « Variété des Sens » qui présente le taux d’innovation le plus élevé au niveau mondial. « Les marques se différencient en misant sur les couleurs vives, les formes nouvelles et ont recours parfois à l’humour afin de proposer au consommateur des expériences empreintes de légèreté ».

Une innovation plaisir qui s’appuie notamment sur des promesses de sensations fortes et de goûts intenses. Les ingrédients comme le piment, le gingembre et la truffe dominent, tandis que des procédés naturels tels que la fermentation, la maturation et l’infusion sont largement utilisés pour booster le goût. Mais c’est aussi un plaisir plus accessible : La sophistication et la premiumisation semblent moins présentes dans l’offre nouvelle post-inflation. « Elles laissent place à des propositions plus simples, sans valeur ajoutée superflue, pour une meilleure accessibilité prix », confirme l’expert.

Recul de l’éthique et du végétal au profit du fonctionnel

Les innovations à promesse  « Éthique » (un axe qui regroupe notamment les items Écologie et Solidarité) continuent de reculer dans toutes les régions du monde, atteignant 4,4 % de l’offre innovante, contre 7,7 % en 2020. « Le choc inflationniste mondial a sans doute découragé nombre d’opérateurs à innover sur des lancements de produits à prix souvent plus élevés », constate l’expert. Concernant l’axe Santé, ProtéinesXTC observe une certaine redistribution des cartes, se caractérisant par une nette baisse de l’offre « Végétale » et « Naturalité », qui cèdent la place à une offre innovante voulue plus fonctionnelle, où le produit est adapté aux besoins spécifiques du consommateur (âge, mode de vie, contexte de consommation, etc). Un mouvement particulièrement marqué en Amérique du Nord et qui commence à s’affirmer en Europe. « Nous sommes passés de l'idée de " sécurité pour tous ", où les produits apportaient des bénéfices rassurants pour l'ensemble des consommateurs, à celle de " fonctionnalité pour chacun ", où les produits proposent des promesses santé ou bien-être ciblant chaque individu en fonction de ses spécificités », résume Xavier Terlet.

Le surgelé salé, deuxième catégorie innovante en France

Enfin, on notera que l’innovation présente des évolutions différentes sur les surgelés et glaces, suivant le périmètre géographique retenu. Si à l’échelle mondiale, la part des surgelés salés dans l’innovation alimentaire affiche un léger décrochage en passant de 6,5 % en 2023 à 6,3 % en 2024, quand celle des glaces évolue un peu plus défavorablement de 3,5 à 3,1 %, inversement, leur part respective est en progression sur la France. Il est vrai qu'ici, les enseignes spécialistes continuent à jouer un rôle essentiel dans l’innovation via leurs marques distributeur. Si bien que la part du surgelé salé grimpe à 8,8 % (vs 8,3 en 2023), positionnant la catégorie comme la plus innovante en France, (devant même les boissons sans alcool), quand celle des glaces progresse de 3,1 à 3,3 %. On notera aussi l'évolution positive du surgelé sucré (pesant 3,6 % des innovations en 2024 selon ProtéinesXTC).

Enfin parmi les tendances lourdes, on relève un effondrement sur cinq ans de la Naturalité. « Cet axe est devenu marginal, en représentant moins de 3 % des innovations en 2024 sur le surgelé salé, lorsque sa part dépassait les 17 % en 2019 », indique Xavier Terlet. A contrario, les tendances associées à l’axe plaisir (variété des sens, fun), sont en progression (cf. chiffres ci-dessous). Enfin, la part de l’exotique dans l’innovation marque un bond en avant pour représenter en 2024 plus de 15 % des innovations sur le surgelé salé.

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© Le Monde du Surgelé