Le pacte de l’Adepale pour passer à Egalim3
À quelques jours de la fin des négociations commerciales, l’Adepale tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Pour l’association regroupant six syndicats de fabricants de produits alimentaires élaborés (dont les surgelés sous la bannière des EGS), la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les entreprises du secteur tout comme leurs perspectives sont « inquiétantes ». Son président Jérôme Foucault rappelle en préambule que La France a encore perdu des parts de marché à l’export, mais également sur le sol national. Pire encore, le dynamisme des entreprises alimentaires françaises est aujourd’hui mis à mal par de nombreuses turbulences à la fois structurelles et conjoncturelles. D’après le Baromètre de l’Adepale, si les entreprises étaient près de 7 sur 10 à se dire confiantes pour la suite de leur activité et leur santé fin 2021, elles étaient également 86 % à déclarer éprouver des difficultés en matière d’approvisionnements, contre seulement 31 % en mars 2021. Or l’explosion inédite et généralisée de la hausse des coûts (matières premières, emballages, énergie, transport) et le manque de disponibilité de marchandises, viennent ajouter un poids supplémentaire sur l’activité. « La situation est dramatique, à l’heure de la mise en œuvre d’Egalim2, visant à protéger la rémunération des agriculteurs. À court terme la répercussion de la totalité de ces hausses est un impératif pour pérenniser les savoir-faire et les entreprises, et à long terme pour continuer à investir pour répondre aux attentes sociétales et environnementales », explique Jérôme Foucault
C’est dans ce contexte « d’urgence » que l’association professionnelle dévoile, à l’approche des prochaines élections présidentielles, un programme de mesures visant à préserver le modèle alimentaire français tout en assurant la sauvegarde des entreprises du secteur. Le « Pacte pour l’avenir de l’alimentation et des territoires » regroupe 16 propositions en lien avec 4 enjeux majeurs.
Premier enjeu : restaurer la compétitivité des entreprises pour renforcer la souveraineté alimentaire française
Les propositions :
1. Lancer Egalim 3 et aller vers la non-négociabilité de la totalité des coûts de production
(élargir le principe de non-discrimination tarifaire ; redéfinir les modalités de détermination du seuil de revente à perte (SRP) ; sur le modèle des matières premières agricoles dans Egalim 2, instaurer l’extension de la clause de révision automatique aux autres coûts de production : énergie, emballage, transports…).
2. Assurer des conditions de concurrence équitable pour tous les maillons de la chaîne alimentaire
(encadrer le regroupement des centrales d’achat et/ou de services et des alliances à l’achat, dès lors que les parts de marché cumulées de leurs membres sont de nature à porter atteinte à la libre concurrence et à l’équilibre des relations commerciales).
3. Réformer le pilotage et la représentation des enjeux et des spécificités de l’industrie agroalimentaire et des TPME qui la composent
(nommer un interlocuteur ministériel unique pour l’industrie agroalimentaire ; offrir une meilleure représentation des TPE, PME et ETI au sein des instances de concertation du secteur).
4. Mettre un terme à la surtransposition des normes européennes et harmoniser l’application des textes européens dans tous les pays ressortissants de l’UE.
Deuxième enjeu : adapter les outils de productions aux transitions énergétiques, environnementales et numériques
Les propositions :
1. Mobiliser et renforcer les outils de financement nécessaires à la transformation énergétique, écologique et numérique
(créer un fonds public-privé dédié à la consolidation et la croissance des PME/ETI du secteur agroalimentaire ; élargir les dispositifs de suramortissement fiscal pour faciliter la robotisation et la digitalisation des outils de production).
2. Adapter la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 pour l’industrie agroalimentaire aux spécificités des TPE / PME / ETI,
3. Régionaliser la mise en œuvre du plan France 2030 pour renforcer le rôle d’accompagnement des régions et aider les PME agroalimentaires à se saisir des opportunités de financement existantes
(mettre en place un guichet unique régional pour faciliter l’accès des PME aux subventions européennes et aux fonds du plan France 2030 ; développer un « fast-track » pour l’agrandissement et le développement des sites de production dans l’industrie alimentaire afin d’accompagner la structuration des filières agricoles).
Troisième enjeu : attirer et développer les compétences dans les territoires
Les propositions :
1. Unifier et simplifier les soutiens existants en matière d’aide à l’embauche
2. Adapter le dispositif de bonus-malus pour les contrats courts, essentiels du fait de la saisonnalité des récoltes et des consommations,
3. Augmenter le nombre de volontariats territoriaux en entreprises pour attirer des profils qualifiés,
4. Faciliter le recrutement des travailleurs étrangers sur les métiers en tension,
5. Mener une campagne de communication grand public avec le soutien de l’État pour promouvoir les métiers des filières alimentaires,
6. Réaffecter une partie de la contribution unique à la formation professionnelle au financement des plans de développement des compétences des entreprises quelles que soient leurs tailles afin d’accompagner l’évolution des compétences liées notamment à transformation écologique et numérique.
Quatrième enjeu : affirmer les valeurs du modèle alimentaire français
Les propositions :
1. Mener une campagne de communication grand public pour promouvoir le modèle alimentaire français,
2. Renforcer les liens entre les acteurs de la filière alimentaire et la gastronomie (centres de formation, entreprises, acteurs de la recherche) pour développer des synergies et des coopérations autour des thèmes « bien produire et bien manger »,
3. Renforcer l’éducation à l’alimentation et la promotion du modèle alimentaire français basé sur une alimentation de qualité, diversifiée et structurée autour du repas.
L’ADEPALE en chiffres
1 570 TPE/PME/ETI implantées sur le territoire métropolitain
16,5 milliards de chiffre d’affaires cumulé
120 000 emplois directs et indirects